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— Vous m’enfermez à clef.

— Par saint Pierre, mon patron ! je te sais gré de ta franchise. J’oubliais que les filles se fatiguent de l’autorité paternelle, quand elles ont dépassé vingt ans.

En disant cela, Pierre Vardouin se mit à sourire. Marie, encouragée par son air affable, eut une lueur d’espérance. Elle courut vers son père et lui fit mille caresses.

— Vraiment ! mon père, dit-elle en cherchant à lire dans ses yeux, vous auriez l’intention ?…

— De te marier… Qu’y a-t-il là d’étonnant ?

Marie poussa un cri de joie. Cette révélation répondait au plus cher de ses désirs.

— Tu consens donc à quitter ton vieux père ? dit le maître de l’œuvre en passant doucement la main dans les cheveux de sa fille.

— Tôt ou tard, mon père, il le faudra bien.

— Et : mieux vaut tôt que jamais ? dit Pierre Vardouin en retournant le proverbe.

Marie ne chercha point à répondre à cette plaisanterie. Elle se serait d’ailleurs mal défendue. Son visage était rayonnant.

— Vous l’avez donc vu ? demanda-t-elle à son père.

— Aujourd’hui même.