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La jeune fille n’eut pas le loisir de s’abandonner à l’émotion que lui causaient les plaintes de François. On venait de refermer brusquement la porte de la rue, et les pas de son père résonnèrent pesamment sur les degrés de l’escalier. Elle n’eut que le temps de cacher la lettre et de passer son mouchoir sur ses yeux. Pierre Vardouin était déjà dans la chambre.

— Ces pleurs-là n’auront donc pas de fin ? dit le maître de l’œuvre d’une voix dure.

— Je pensais aux jours de mon enfance, répondit Marie en essayant de sourire.

— Tu auras bien assez de sujets de chagrin dans l’avenir sans en demander au passé, reprit Pierre Vardouin. Quand tu auras vieilli comme moi, tu connaîtras le prix des larmes.

— Je ne suis pas encore endurcie, dit Marie.

— Voilà précisément le mal, continua Pierre Vardouin en déposant son manteau. Dans la vie, les parents se contentent des fruits amers et abandonnent les bons aux enfants. Mauvaise éducation ! Ils n’ont plus de courage dans les jours malheureux.

— Il y a des exceptions, soupira Marie.

— De quoi te plains-tu ? Je ne te donne pas assez de liberté peut-être ?