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et cependant le doute, l’inquiétude me torturent à chaque heure du jour et de la nuit. J’ai du courage et j’ai peur. Je suis fort et je tremble ! Ce n’est déjà plus un pressentiment. On m’a dit que votre père veut vous marier. Ce bruit-là est absurde, n’est-ce pas ? Ce serait un crime de vous supposer capable d’un parjure. Mais si votre père vous enferme comme dans une prison, il peut bien vous conduire de force à l’autel. Cette pensée me brise le cœur, et je ne me sens plus maître de ma volonté. Marie, ayez pitié de moi ! Il faut que je vous parle, que j’entende votre voix, que je touche votre robe, dussiez-vous vous attirer la colère de votre père. Ce soir, je vous attendrai auprès de l’église de Norrey. Venez, lorsque le soleil aura disparu à l’horizon, venez rendre le calme au cœur de votre ami…

« Oh ! ne craignez rien ; si sa raison l’abandonne parfois, c’est quand il désespère de vous voir. Votre présence le guérira. Ne craignez rien ! Nous ne serons pas seuls. Ma mère elle-même nous entendra, nous surveillera, comme autrefois. Sa tombe sera sous nos pieds, à côté de celle de mon père. Adieu, Marie ! Pardonnez-moi ; mais ne me refusez pas ! »