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votre ami d’enfance ? Oh ! vous ne sauriez imaginer combien de fois j’ai maudit le jour où je me suis engagé, au pied du Christ, à mériter votre estime et celle des hommes ! Que me sert la gloire ? Cette vaine renommée, je la donnerais pour un instant passé auprès de vous. On répète autour de moi que mon œuvre est belle. Les mères seraient jalouses de voir leurs enfants recueillir les hommages qu’on m’accorde. Mais tout cet encens, tous ces éloges que j’avais tant désirés, loin de me satisfaire, ils me brisent le cœur ! En m’imposant l’obligation de couronner dignement mon travail, ils semblent par cela même m’éloigner encore de vous. Moi qui aurais voulu passer ma vie auprès de vous ! Moi qui n’aurais demandé pour tout bonheur que de vous voir, de vous entendre !

« Il ne m’est donc plus permis d’écouter votre voix, de serrer votre main, de vous dire que je vous aime. Et pourtant j’ai soif d’affection ; mon âme est pleine de douleurs, et je n’ai personne avec qui pleurer !… Ma mère, ma pauvre mère ! elle n’est plus là pour me donner des consolations. Je n’ai même plus la force de la résignation. Je me sens tout prêt à blasphémer. Je ne sais quelle voix me crie que vous m’aimez toujours ;