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— Vous rappelez-vous la statue de la Vierge, que j’avais portée hier soir dans la nef ? demanda un sculpteur, qui arriva fort à propos pour empêcher une querelle.

— Si je me la rappelle ! dit un tailleur de pierre : c’est ce que tu as fait de mieux !

— Eh bien, voilà ! dit le sculpteur.

Et il se frappa le cou du tranchant de la main.

— Elle est brisée ? demandèrent les ouvriers en chœur.

— On lui a tranché la tête ! répondit le sculpteur. Je savais, ajouta-t-il, que Kerlaz avait reçu l’ordre de passer la nuit dans l’église. Je m’apprêtais à y aller pour lui tenir compagnie, lorsque le pauvre garçon s’est avancé à ma rencontre avec une mine à faire trembler. Une bosse affreuse lui cachait la moitié d’un œil.

— Il est tombé ? demanda-t-on.

— Non ; mais il s’est battu.

— Avec qui ?

— Avec un esprit qui a le poing solide, allez !… Il paraît qu’il s’éclairait (l’esprit bien entendu) avec une petite lanterne sourde. Il prenait toutes ses aises, afin de mieux briser ma statue. Alors Kerlaz, qui est un rude compère et qui n’a pas peur, s’est approché de lui tout doucement. Mais