Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/181

Cette page n’a pas encore été corrigée

un des princes de son art ? Non, c’était un simple ouvrier. Eh bien ! le fils de cet homme inspiré vient d’être nommé maître de l’œuvre. Et ce fils… c’est vous, François ; car ce Christ est l’ouvrage de votre père. Ferez-vous injure à sa mémoire ? oublierez-vous ses leçons ? consentirez-vous à faire une œuvre indigne de lui, indigne de vous ? Non, François !… Que votre travail mérite l’admiration des hommes ; que votre amour pour moi devienne une source féconde d’inspirations ; qu’il ne soit pas une entrave au développement de votre génie. Ne vous pressez pas, consacrez à votre entreprise tout le temps qu’elle exige. Je saurai bien attendre. Et je vous jure aujourd’hui, en face de cette figure du Christ, de ne jamais donner ma main à un autre que vous !

Le rayonnement du bonheur illuminait le front de François. Il tomba aux genoux de Marie. Il essaya de prendre une de ses mains pour la couvrir de baisers. Mais la jeune fille se déroba à ces marques d’amour et, se tournant résolument du côté de Pierre Vardouin :

— Mon père, dit-elle, je suis à vos ordres.

Son assurance, la fierté de son attitude en imposèrent au maître de l’œuvre. Il donna silencieusement