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— Cependant, dit François, je ne puis sans un temps raisonnable…

— Si tu aimes vraiment ma fille, tu hâteras les travaux, tu presseras les ouvriers. Rien n’est impossible à l’amour. D’ailleurs je ne reviens pas sur ma parole. Voilà mes conditions !

— Et voici les miennes ! dit Marie d’une voix assurée en entrant dans la chambre avec la veuve Regnault.

Pierre Vardouin devint horriblement pâle. Il voulut saisir sa fille et l’entraîner. Mais elle glissa dans ses doigts, courut vers François, le prit par la main et le conduisit devant un Christ en pierre attaché à la muraille. Les spectateurs de cette scène étaient sous le coup d’émotions si violentes, que pas un d’entre eux ne trouva la force d’exprimer sa colère, son étonnement ou son admiration.

— Voyez-vous cette image du Sauveur ? dit Marie en montrant le Christ à François. Quelle expression de souffrance ! quelle résignation divine ! quelle sublime bonté dans ce regard d’agonisant ! Celui qui a pu travailler une matière ingrate, de façon qu’il en ressortît un si poignant emblème de la passion de Jésus, celui-là, — n’est-ce pas, — devait être un merveilleux sculpteur,