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— Tu as vraiment une pénétration remarquable pour ton âge, François. Parlons donc franchement. Veux-tu rentrer dans mon chantier ?

— Non ! répondit François avec fermeté. Vous me rendez votre amitié, et je vous en suis reconnaissant. Mais quant à travailler sous vos ordres, jamais !… Voyez plutôt, ajouta-t-il en montrant son havre-sac et son bâton de voyage, je me disposais à partir.

Un éclair de joie illumina le visage sévère de Pierre Vardouin.

— Au fait ! se dit-il, si je laissais s’envoler l’oiseau, je n’aurais pas la peine de fermer sa cage. Il emporterait avec lui tous les soucis dont il était l’occasion.

Mais une réflexion le ramena à sa première idée. Si François quittait le pays, Henri Montredon choisirait peut-être quelque habile entrepreneur, dont l’amour-propre tiendrait à surpasser la renommée de Pierre Vardouin. Au contraire, s’il obtenait pour François la direction des travaux de Norrey, il exercerait sur lui une influence toute-puissante. Il l’écraserait sous ses pieds, plutôt que de permettre à son talent de se déployer.