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et ses passions étaient trop vives pour que son émotion échappât à un œil aussi exercé que celui de Pierre Vardouin. L’attitude de l’apprenti n’exprimait pas le défi ; mais elle était pleine de noblesse et de fierté. Il se découvrit, par respect pour les cheveux blancs du maître de l’œuvre, et garda le silence. Il attendait une explication. Pierre Vardouin comprit qu’il n’obtiendrait rien du jeune homme, s’il ne lui adressait pas les excuses auxquelles il savait, d’ailleurs, qu’il avait droit. Il s’avança donc à sa rencontre en lui tendant la main.

— François, dit-il, l’offense était grave, — je le sais, — mais irréfléchie. Voici la main qui vous a frappé. Voulez-vous la serrer, comme celle d’un ami qui reconnaît ses torts ?

Le jeune homme répondit par une étreinte cordiale, mais tout en conservant une certaine retenue et sans manifester d’étonnement. Cette froideur déplut au maître de l’œuvre.

— Garderais-tu un vieux levain de rancune contre moi ? demanda-t-il.

— Dieu m’en préserve ! dit François. Seulement j’ai peine à croire que je doive la visite de Pierre Vardouin à un but désintéressé. J’attends donc l’explication de sa démarche.