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contenait ses vêtements et ceux de sa mère. Il le jeta sur son dos, empoigna le bâton dont son père se servait quand il se mettait en route et, prenant sa plus grosse voix, afin de dissimuler son envie de pleurer :

— Ma mère, dit-il, voici l’heure où les travailleurs se rendent aux champs. Il est temps de partir.

La veuve se cacha la tête dans les mains.

— Partons, ma mère ! reprit François d’un ton moins assuré.

La pauvre femme ne répondit pas ; elle éclata en sanglots. Son fils lui tendait la main droite, tandis que de l’autre il retenait ses larmes.

— Mère, dit-il tout bas, de manière à ne rien laisser voir de la douleur qui le suffoquait, venez-vous ?

— Quoi ! vous partez sans moi ? dit une voix douce comme celle qu’on prête aux anges.

François et sa mère, dans leur foi naïve, crurent en effet que, touché de leur douleur, le ciel leur envoyait un de ses messagers.

Ils se retournèrent et, surpris, reconnurent Marie.

La jeune fille était encadrée dans la baie de la porte, au milieu de la vigne vierge, dont les