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Une brise tiède et chargée d’aromes pénétra dans l’appartement. Le jeune homme aspira avec force cet air vivifiant.

— La belle matinée ! s’écria-t-il en promenant lentement son regard sur l’azur du ciel.

— Hélas ! la journée ne lui ressemblera pas ! dit tristement la mère de François, qui s’était approchée sans bruit.

François saisit les mains de sa mère dans les siennes. Dieu sait seul ce qu’il y eut de regrets, de douleur dans ce serrement de mains et dans le regard qu’ils échangèrent tous les deux. Cette nouvelle émotion allait peut-être ébranler la résolution du jeune homme. Ses rêves d’avenir, ses projets de voyage, le mystère d’une vie inconnue, tout cela n’avait plus pour lui le même charme qu’au moment de la colère. Il sentait tout ce qu’il allait perdre. Il ne voyait pas ce qu’il allait gagner. Il repassa rapidement dans sa mémoire les événements de la soirée. La conduite de Pierre Vardouin ne lui paraissait plus aussi odieuse que la veille. Il se reconnaissait même des torts. Mais, pour rien au monde, il n’eût consenti à faire les premières avances. La perspective d’une telle humiliation lui rendit toute son énergie. Il s’approcha du havre-sac qui