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suivant ses désirs, ménageant les emportements de Pierre Vardouin avec le calme d’un auteur dramatique qui noue et dénoue, suivant son caprice, les fils de son intrigue. Mais la pièce devenait sérieuse ; il eut un moment d’inquiétude et d’hésitation.

Pierre Vardouin avait étudié avec lui le grand art des maîtres de l’œuvre. Pendant trois ans ils s’étaient coudoyés dans les mêmes chantiers ; ils avaient mis leurs plaisirs et leurs chagrins en commun ; ils se confiaient leurs projets, se disaient leurs espérances. Refuserait-il maintenant à son ancien camarade une légère satisfaction d’amour-propre ? Il n’avait qu’un mot à dire pour le voir sauter à son cou et pleurer de joie. D’un autre côté, qui pouvait lui répondre des moyens de François Regnault, à qui il commençait à penser sérieusement pour lui confier la direction des travaux de Norrey ? Le jeune homme avait de l’enthousiasme, mais il manquait d’expérience ; il n’avait pas encore fait ses preuves. Les sentiments d’Henri Montredon allaient de François à Pierre Vardouin qui semblait, en dernière analyse, être sur le point de faire pencher la balance de son côté, lorsqu’un sanglot de Marie, entendu seulement de