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— Je vous promets de revenir tous les ans au pays. Vous pourrez alors accomplir votre pieux pèlerinage de Norrey. Allons, ma mère, repoussez à votre tour ces funèbres pensées. Voyez, j’ai presque oublié l’insulte de Pierre Vardouin et je me sens plein d’ardeur, depuis que j’ai pris une forte résolution. Avec l’argent qui nous reste, nous irons à Caen. J’y trouverai de l’ouvrage et nous commencerons bientôt notre tour de France. Un coup de main, ma mère ; vous serez plus habile que moi à empaqueter mes vêtements.

— Volontiers, puisque c’est ta volonté bien arrêtée, soupira Magdeleine.

Et le fils et la mère commencèrent leurs préparatifs de voyage.

Après la brusque sortie de François, Marie, qui connaissait le caractère irritable de son père, se décida à quitter la chambre sans avoir essayé de justifier son amant ou du moins d’implorer son pardon. Cette résolution lui coûtait cher, car elle se sentait bonne envie de se jeter aux genoux de Pierre Vardouin et de donner un libre essor à sa douleur. Mais elle pensa que son père pourrait lui reprocher plus tard, en rougissant, d’avoir été témoin de son honteux emportement.