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fièrement la tête, c’est ce que je demande au ciel ! Car je ne suis pas de ceux-là — Dieu merci ! — qui se croisent les bras et se complaisent dans une vie d’oisiveté. J’ai de la force, du courage, je suis jeune et je veux travailler pour vous, ma mère. Mais ne me forcez pas à croupir dans Bretteville. Pierre Vardouin m’a fermé l’entrée de son chantier ? Eh bien ! j’irai chercher fortune ailleurs. Je ferai comme tant de maîtres de l’œuvre qu’on voit courir le monde, offrant leurs services à qui les veut bien payer.

— Tu consens donc à abandonner ta mère ?

— Non pas, vous me suivrez ; je vous rendrai tous les soins dont vous avez entouré mon enfance. Et vous serez heureuse, car j’aurai de l’or ; et vous serez fière, car j’aurai de la gloire !

Les yeux de Magdeleine étaient tournés vers le ciel. Deux grosses larmes roulèrent sur ses joues, tandis que ses lèvres s’agitaient faiblement, comme si elle eût adressé à Dieu une fervente prière.

— Vous pleurez, ma mère ? dit François.

— J’espérais, répondit tristement Magdeleine, mourir à Bretteville et reposer près de la tombe de mon mari.