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assirent en face de l’église. Pierre Vardouin ne se lassait pas de la montrer à son ami, tandis que Marie et François, placés l’un à côté de l’autre sur le bahut, se parlaient à voix basse. Cependant le maître de la maison n’oubliait pas ses convives. Les coupes s’entrechoquaient avec un bruit agréable, au milieu des vœux qu’on formait pour l’avenir. Les visages étaient colorés d’une charmante animation. Les bons mots, les réparties, volant de bouche en bouche, se croisaient, se heurtaient et rebondissaient de l’un à l’autre, comme une balle dans la main des joueurs. C’était le vrai moment des confidences et des épanchements.

— Conviens, mon cher Vardouin, dit Henry Montredon, que tu es un homme heureux !

— Je l’avoue ! je n’ai pas à me plaindre du sort.

— Tu as un trésor dans ta maison, continua Montredon en tournant la tête du côté de Marie ; mais il ne faut pas en être avare…

— C’est-à-dire : est-ce que nous ne marierons pas cette adorable enfant ? voilà ta pensée… pas vrai ? Eh bien ! j’y ai déjà songé, dit Pierre Vardouin. Mais chut ! reprit à voix basse le maître de l’œuvre, ma fille nous écoute… Il