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La jeune fille roula la chaise de réception — le meuble le plus soigné de l’appartement — près de celle de Pierre Vardouin. Restait à fixer sa place et celle de François.

Il était tout simple de rapprocher les escabeaux de la table. Mais une heureuse idée, une idée qui traverse la tête de tous les amoureux, sans qu’ils osent se l’avouer, changea sa résolution. Une chaise, un fauteuil conviennent, plus que tout autre meuble, aux vieillards. Ils y jouissent de toute la liberté de leurs mouvements et n’ont pas à se défendre contre l’empiétement de leurs voisins. Ce n’est pas là le compte des amants. Un canapé, un sofa répondent mieux à leurs désirs. Le rapprochement des pieds ou des mains, le frôlement du bras contre la robe, quelquefois des boucles de cheveux qui s’égarent et se confondent, autant de plaisirs, autant d’innocentes folies qui trompent la surveillance des vieux parents. On ne connaissait pas au treizième siècle l’usage des canapés et des sofas ; mais des bahuts, couverts de coussins, remplissaient le même rôle que ces inventions du luxe moderne.

Voilà comment Pierre Vardouin, revenu de sa promenade, surprit Marie s’épuisant en efforts