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les larmes aux yeux, prétextant que sa tristesse s’associerait mal à la joie des convives. François hésitait, partagé entre la crainte de laisser sa mère dans l’isolement et les vœux qu’il faisait pour passer encore quelques instants près de son amie.

— Je sais le moyen de tout arranger, dit l’ancien camarade de Pierre Vardouin en prenant le bras de l’apprenti. Nous allons, mère Regnault, vous reconduire jusqu’à votre porte. Peut-être vous déciderez-vous, dans le trajet, à accepter l’invitation que je me permets de vous faire au nom de mon vieil ami. En tout cas, je serai bien aise de parler un peu avec François. Cela donnera à Marie le temps d’apprêter le repas, et à son père celui de rentrer chez lui.

Marie applaudit à cette idée et entra dans la maison. Elle donna ses ordres à la domestique de son père ; puis elle courut au jardin cueillir des fraises et des groseilles qu’elle disposa avec cet art merveilleux, avec cette poésie que les femmes savent apporter aux plus petits détails du ménage. Il était huit heures lorsqu’elle rentra dans la chambre du maître de l’œuvre, et le soleil, incliné à l’horizon, éclairait l’église de ses derniers reflets. La table, déjà dressée, attendait les convives.