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François, Marie s’était rapprochée instinctivement de son ami et appuyait sa main tremblante sur son épaule. L’étranger semblait s’amuser de leur effroi. Rien en lui cependant n’était capable d’exciter la terreur. Ses traits étaient sévères, mais un sourire bienveillant dessinait le contour de sa bouche. Une barbe longue et grisonnante, des cheveux qui se déployaient avec grâce sur son cou, après avoir laissé à découvert un front large et pensif, des yeux pleins de douceur, donnaient à sa physionomie un caractère de dignité et de bonté. A son bonnet de peluche, à son petit manteau, à sa robe courte, à ses chausses fines et collantes, François reconnut bientôt qu’il avait devant lui un maître de l’œuvre. Aussi s’inclina-t-il avec respect, quand l’étranger s’approcha, après avoir franchi d’un pied leste le banc de gazon.

— Pardonnez-moi, dit le maître de l’œuvre, d’avoir surpris vos confidences. Le hasard seul en est la cause. Ne craignez rien… je suis discret. D’ailleurs, ajouta-t-il en s’adressant à Marie dont les joues se coloraient du plus vif carmin, je n’ai rien entendu qui ne vous fasse honneur à tous deux ; et je trouve Pierre Vardouin très-heureux d’avoir une fille accomplie