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— Ne me faites pas de reproches, répondit François. Je suis si malheureux !

— Pourquoi vous décourager ? Qui vous dit que Dieu ne viendra pas à votre secours ? Vous êtes malheureux ? Est-ce que je ne vous aime plus ? Les hommes vous dédaignent ?… Est-ce que mon père ne songe pas à vous ? Croyez-vous qu’il n’apprécie pas votre talent ?

— Vous aurait-il parlé de moi ? s’écria François, en interrogeant avidement la jeune fille de la voix et du regard.

— Vous savez, répondit Marie, que mon père commence à vieillir. Le travail le fatigue. Il sentira le besoin d’un aide jeune, intelligent…

— Mais je travaillerais sous ses ordres, reprit François. Je ne serais pas son égal ; il aurait le droit de me mépriser. Il me refuserait votre main !

— C’est le démon qui vous fait parler aussi méchamment, François. Prenez garde ! Vous avez de bonnes inspirations, mais l’orgueil vous perdra. Rappelez-vous l’histoire de Hugues. Il avait du génie, et l’ambition le conduisit à l’abîme. L’esprit du Seigneur l’abandonna ; il dépouilla l’habit monacal pour se jeter dans une vie de désordre. Dieu, pour le punir, lui envoya une maladie mortelle…