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auprès de l’éclat de son teint. Marie n’avait pas opposé de résistance. Elle ne fit pas non plus de reproches, parce qu’elle n’était pas coquette et qu’elle aimait de toute la force de son âme. Elle était heureuse ! pourquoi se plaindre ? François éprouvait plus d’embarras que son amie. Il s’était détourné, plein de confusion et de regrets, s’accusant déjà de trop d’audace. Il ne savait comment trouver des paroles d’excuse, lorsque, en se retournant, il comprit à l’air souriant de Marie qu’il était pardonné. Il se rapprocha d’elle, et, prenant une de ses mains dans les siennes :

— Marie, dit-il, nous nous aimons. Nous pouvons nous le dire sans crainte aujourd’hui, parce que nous sommes trop jeunes pour être persécutés… Mais, plus tard, Marie, si l’on voulait nous séparer, trouveriez-vous la force de résister ?

— Vous savez que je dépends de mon père, répondit tristement Marie.

— C’est cela ! s’écria François d’une voix pleine d’angoisses. Entre moi, pauvre ouvrier, et vous, fille d’un maître de l’œuvre, il y a des barrières infranchissables ! Et pourtant, je vous aime ! Je sens que pour vous posséder je