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votre front d’une brillante auréole et je vous placerais entre la terre et les astres, sur la route du ciel. Si j’étais sculpteur, je n’aurais pas assez de ma vie pour reproduire avec le marbre la finesse de vos traits, le charme de votre sourire !

— Et moi, si j’étais reine, répondit Marie en pressant avec effusion la main du jeune homme, je vous demanderais de me construire un palais, non pas pour avoir une magnifique demeure, mais pour vous faire élever un monument qui dirait votre nom aux siècles futurs. Car vous êtes grand, François ! car vous méritez d’être illustre ! et je…

Marie s’arrêta, rougissante. Ce mot charmant à dire, plus charmant à entendre, ce mot si noble et tant de fois profané, que chaque siècle prononce et qui ne mourra jamais, ce mot : je t’aime ! allait s’échapper de sa bouche. Mais François l’avait deviné. Ivre de bonheur, il approcha ses lèvres du front de la jeune fille. C’était le premier baiser. Marie sentit un frisson de plaisir courir par tous ses membres. En même temps, la sainte honte de la pudeur colora son visage ; et la petite rose d’églantier, qu’elle tenait à la main, semblait pâlir de jalousie