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prier, et je ne me rendais pas compte de ce que peut être Dieu. Depuis, quand l’âge est venu, quand je vous ai connue, j’ai su pourquoi j’aimais ma mère et Dieu, pourquoi j’avais de l’intelligence. Et toutes ces notions me venaient de mon amour pour vous. Je vous voyais bonne et j’eus immédiatement l’idée d’une bonté supérieure à la vôtre : Dieu m’était révélé ! Je vous voyais belle, et j’eus l’idée d’une beauté plus parfaite encore : j’eus le sentiment du beau ! Je remarquai l’expression toujours variée de vos traits, la mobilité de vos pensées ; et je fus doué d’invention ! Les quelques manuscrits de votre père m’ont donné des connaissances ; vous, vous m’avez donné l’inspiration ! Vous êtes et vous serez le principe de tout ce que je ferai, de tout ce que j’imaginerai de grand et de beau !

Plus le jeune homme parlait, plus les mots se pressaient harmonieux et sonores sur ses lèvres. Il s’exprimait avec toute la force d’une âme libre et convaincue. Le sein de Marie se gonflait d’émotion. La voix de son ami frappait aussi doucement son oreille qu’une musique céleste.

— Si j’étais peintre, continua François, j’entourerais