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noyés dans l’infini, semblaient lire dans l’azur du ciel. C’est ainsi que devaient rêver Pythagore, quand il étudiait le vrai dans le monde physique ; Virgile, quand il étudiait le vrai dans le monde moral. Marie le contemplait avec ravissement. Mais elle s’inquiéta bientôt de ce silence prolongé. Elle lui passa près du visage la rose qu’elle tenait encore à la main et dit en souriant :

— C’est à l’occasion de cette fleur que vous avez imaginé de si belles choses. Maintenant que vous vous taisez, si j’en cueillais une autre ?

— Ne l’oubliez pas, Marie, reprit l’apprenti : vous êtes pour moi le principe des plus nobles pensées. L’homme possède en lui d’admirables facultés ; mais tous ces trésors, si quelque hasard heureux ne les met au jour, sont exposés à rester éternellement cachés dans son âme. Il faut un rayon de soleil pour que le diamant brille et se distingue, par son éclat, de la pierre brute qui l’entoure. Vous avez été pour moi cette lumière bienfaisante. Auparavant, mon âme était remplie de ténèbres. J’ignorais ma puissance ; je ne savais pas ce qu’il y a en moi d’énergie, d’imagination, de courage. Ma mère m’avait appris à