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observant la nature. Voyez, Marie, comme ces grands arbres s’élèvent majestueusement au-dessus de nos têtes, comme ils se pressent, se rapprochent à leur sommet et entrelacent leurs dernières branches en forme de voûte. Et, plus loin, remarquez ce groupe de chênes rabougris, dont les troncs paraissent abandonner avec regret le sol qui les nourrit ; un cavalier passerait difficilement sous leurs rameaux et, d’où nous sommes, on pourrait les prendre pour un énorme buisson. Vous avez là tout le secret de notre art et de celui de nos pères : là des colonnes écrasées, des arcades en plein-cintre ; ici des fûts de colonnettes légères, des arcades élancées. Eh bien ! je vous demande s’il ne serait pas déraisonnable et contraire à la nature d’attacher des feuilles de palmier à ces arbres de notre pays, au lieu d’y suspendre des feuilles de saule, de lierre ou de rosier ?

Il y a des moments où la langue humaine, si riche qu’on la suppose, n’a plus assez d’images pour exprimer la foule de pensées et de sentiments qui vous assiègent. Le mieux alors est de s’abandonner à une vague rêverie, source de toute poésie pour les hommes d’imagination.

Le jeune homme cessa de parler. Ses yeux,