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suis trop pauvre pour cela ! Je pensais cependant que le temps est venu de ne plus emprunter à la décoration orientale ses palmettes et ses fleurs grasses. Je pensais qu’en reproduisant les végétaux du pays, en découpant délicatement dans la pierre ces feuilles si fines, si élégantes, on ferait mieux que de l’art : on obéirait à la loi de Dieu, dont la main généreuse a si justement réparti entre tous les climats les productions capables de les embellir, et qui ne veut pas qu’on délaisse l’humble fleur de nos champs pour les plantes orgueilleuses de l’Orient. Quand nos pères commencèrent à élever des églises, ils furent bien obligés de chercher des modèles en terre étrangère. Les feuilles d’acanthe, les palmettes venaient naturellement couronner leurs colonnes massives. Ils s’essayaient, ils n’avaient pas encore trouvé la manière qui convient aux édifices religieux ; leurs arcades s’abaissaient lourdement sur la tête des fidèles et semblaient arrêter l’élan des âmes vers le ciel. Plus tard, on voulut plus d’espace, plus d’air, afin que les hymnes et les prières montassent plus librement au trône du Seigneur. Comment se fit ce changement ? Comment les maîtres de l’œuvre obtinrent-ils ce progrès ? En