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lisait cette devise : Ne me changez pas en licence, et vous serez heureux ! Après elle, comme pour montrer qu’elle est la source de tout bien et de toute richesse, de jeunes moissonneurs, couchés sur des gerbes de blé, conduisaient une charrue traînée par des bœufs.

Un soleil splendide s’était associé à cette fête d’un caractère antique. Les fleurs s’épanouissaient et versaient autour d’elles le trésor de leurs parfums ; le peuple était joyeux, les enfants battaient des mains, et l’on aurait pu croire assister à une des fêtes de l’Athènes païenne.

Marguerite et le domestique s’étaient blottis dans l’embrasure d’une porte, et, de là, ils voyaient défiler le cortége, sans être trop incommodés par le flot des curieux qui ondoyait à leurs pieds.

Dominique avait fait bon marché de ses vieilles rancunes et regardait tout, en spectateur qui ne veut perdre ni son temps, ni son argent. En toute autre circonstance, la jeune fille n’eût pas manqué de profiter du riche thème à plaisanteries qu’aurait pu lui fournir l’ébahissement de l’ennemi juré des patriotes. Mais elle était trop émue elle-même pour exercer sa verve railleuse aux dépens du vieillard. L’enthousiasme de la