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devaient agir avec plus de réserve et réprimer les élans passionnés de leurs cœurs. En échangeant quelques paroles, à de rares intervalles, ils arrivèrent à l’entrée du bois. Ils en connaissaient déjà les moindres allées et, sans qu’ils se communiquassent leurs impressions, leur promenade les ramenait toujours vers un tertre vert, banc rustique dont la nature avait fait tous les frais et où les deux amants s’asseyaient sur un moelleux coussin de mousse.

Le site était ravissant et plein de fraîcheur. A deux pas de là, une petite source s’échappait de dessous terre, descendait, d’abord libre et dégagée de toute entrave, sur un terrain légèrement incliné, puis s’enfonçait en murmurant sous les buissons, comme si elle eût reproché aux herbes et aux jonquilles de lui barrer le passage. Plus loin, elle prenait possession de son lit et venait, brillant ruisseau, former de petites cascades sous les pieds des deux amants. Marie et François, les mains dans les mains, admiraient sans mot dire ce petit coin de la création qui, pour eux, valait tout un monde, puisqu’ils y trouvaient le charme d’un beau site et deux cœurs qui battaient l’un pour l’autre. Ils se plaisaient surtout à lancer dans