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de son mari ; les deux jeunes gens folâtraient à ses côtés et se jetaient des fleurs. Celle-ci récitait la prière des morts, ceux-là pensaient à leurs amours et rêvaient le bonheur dans l’avenir.

Cependant, on était arrivé dans le cimetière de Norrey. Tous trois s’agenouillèrent avec respect près d’une humble croix de bois et prièrent du fond du cœur pour le pauvre ouvrier. Magdeleine, alors, fit signe aux jeunes gens de se lever.

— Allez, dit-elle ; votre âge n’est pas fait pour de longues douleurs. Laissez-moi prier seule et promenez-vous sous les grands arbres du bois sans trop vous éloigner.

Marie passa son bras sous celui de François. Ils s’éloignèrent lentement sous l’œil de la veuve qui, tout en priant pour le mort, demandait au ciel de leur faire la vie douce et facile. Gais et folâtres, il n’y a qu’un moment, les jeunes gens avaient dans leur démarche quelque chose de mélancolique. Le devoir, qu’ils venaient d’accomplir, avait touché leur esprit. Ou plutôt, purs comme des anges, une voix intérieure leur disait que, maintenant qu’ils avaient échappé à la surveillance de Magdeleine, ils