Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

des rares manuscrits de son père. Elle les lui remettait en secret. Une fois rentré chez lui, François les étudiait avec ardeur, devinant les passages difficiles à comprendre, tant son esprit avait de sagacité, et reproduisant les dessins et les figures de géométrie. Au bout de cinq ans, il les savait par cœur. Il critiquait déjà les travaux de son maître ; il traçait des plans de fantaisie, appelant de tous ses vœux le moment où il commanderait à son tour. Il n’était encore que simple manœuvre ! Pierre Vardouin fut émerveillé des dispositions de son apprenti ; sa facilité, ses connaissances le frappèrent d’étonnement. Un instant, il songea à lui confier ses ouvrages les plus délicats : ses tracés ; ses modèles, ses épures ; mais, à la réflexion, il eut peur. Il se garda bien d’encourager et d’aiguillonner ce talent naissant, qui déjà lui portait ombrage.

La confidence de Marie réveilla toutes les inquiétudes de Pierre Vardouin. François Regnault, son apprenti, son protégé, aimé de sa fille ! Cette pensée le faisait frémir. Pour peu que cette passion s’enracinât dans le cœur de son enfant, il voyait le jour où il serait obligé de céder à son désir. Son gendre alors deviendrait son rival ; sa jeune renommée ferait pâlir