Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien ! le croiras-tu ? ce troupeau d’imbéciles me tourne en ridicule. Ils disent que l’effet est manqué, que ma tour ressemble au four d’un potier, que j’ai déshonoré leur village. En vérité, ils mériteraient, les misérables, que je commandasse à mes ouvriers de démolir leur église et de ne pas laisser pierre sur pierre de cet édifice de damnation !

— Plus vous vous emporterez, plus vous augmenterez votre mal, dit Marie.

Tout en parlant ainsi, la jeune fille prit doucement le bras de son père et le fit asseoir près de la table.

— Vous travaillez trop, vous vous fatiguez, reprit-elle. Que ne prenez-vous quelqu’un pour vous aider ?

— C’est cela ! grommela le vieillard avec humeur ; je ne suis plus propre à rien ! Vite, il faut faire place à un successeur ! Aujourd’hui, l’imbécillité ; demain, la tombe !

— Je prie assez le bon Dieu et sa douce mère, ma patronne, pour qu’ils me fassent la grâce de vous conserver longtemps.

— Je préférerais la mort à une vieillesse honteuse !

— Vous blasphémez, mon père, dit Marie.