Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle était trop massive, elle ne s’élançait pas gracieusement dans les airs. Ces commentaires ne se faisaient pas à huis clos ou à voix basse ; car le désir de se faire remarquer entre pour beaucoup dans l’esprit de ceux qui les font. Bien que Pierre Vardouin ne le cédât à personne sous le rapport du contentement de soi-même, bien qu’il fût convaincu de sa supériorité, il fut blessé au cœur par ces critiques malveillantes.

Un dimanche, en revenant de l’office avec sa fille, il passa près d’un groupe qui s’était formé à l’entrée du cimetière, comme pour mieux examiner les travaux. Il prêta l’oreille, espérant saisir au vol quelques-uns de ces mots flatteurs si agréables à la médiocrité. Hélas ! l’orateur de la troupe faisait une satire. Pierre Vardouin hâta le pas et entraîna sa fille sous le porche de sa maison. Il monta au premier étage, entra dans sa chambre et se jeta, tout découragé, sur une chaise. Sa fille, une jeune fille de seize ans, aux cheveux blonds, aux yeux purs comme un beau ciel d’été, une de ces adorables natures qui vivent de dévouement, devinent vos douleurs et s’ingénient toujours pour vous consoler, voyant l’accablement du vieillard, s’approcha de lui,