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se faisant précéder d’une réputation plus ou moins méritée, répétant à qui voulait l’entendre qu’il avait travaillé sous les maîtres les plus illustres et émerveillé les gens du métier par son bon goût, ses nouveaux procédés et l’élégance de ses constructions. Pourquoi abandonnait-il le théâtre de ses triomphes ? Pourquoi s’enterrait-il dans un village à peine connu ? On ne se le demandait même pas. Il fit si bien son apologie, vanta si habilement ses connaissances, que son éloge fut bientôt dans toutes les bouches. Chacun proclama son talent.

Les notables de Bretteville, entraînés par ce concert de louanges, et prenant, comme toujours, la voix du peuple pour la voix de Dieu, demandèrent comme une grâce au nouvel arrivé d’achever l’église du village. Pierre Vardouin se fit prier quelque temps pour la forme et accepta de grand cœur des propositions qui venaient flatter si à propos sa vanité. Il s’installa donc avec sa fille et les maîtres ouvriers dans la maison dite de l’œuvre, qu’on plaçait habituellement dans le voisinage de l’édifice en construction.

S’il n’avait pas l’inspiration de la plupart des artistes de son temps, il possédait assez bien les