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dit-il à la jeune fille, lorsqu’ils se trouvèrent dehors.

— Il fait sa correspondance. Nous avons deux bonnes heures de liberté ! répondit Marguerite.

Puis elle passa son bras sous celui du vieillard, qu’elle entraîna vers le centre de la ville.

Il était temps. Le cortége s’était mis en marche et gravissait lentement la principale rue de la ville. C’étaient d’abord les bataillons de la garde nationale. Rien de plus pittoresque et de plus martial que l’aspect de ces soldats bourgeois. Artisans pour la plupart, ils n’avaient eu ni le temps ni le moyen de s’enfermer dans un riche uniforme. Mais ils savaient la patrie en danger. Leurs fils mouraient à la frontière, et, tandis que le plus pur de leur sang arrosait les bords du Rhin ou grossissait les eaux de la Loire, ils étaient prêts à sacrifier leur vie pour la défense de leurs foyers. Et personne alors ne songeait à rire en voyant ce singulier assemblage de piques, de bâtons, de sabres et de fusils, ces vêtements déguenillés, ces bras nus, tout noirs encore des fumées de la forge ou de l’atelier, qu’on venait de quitter, pour saluer en commun l’aurore des temps modernes !

Derrière les gardes nationaux marchait une