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près le ministre de l’intérieur, de l’inspection de quelques-uns des édifices religieux de la Basse-Normandie.

Son compagnon s’appelait Victor Lenormand. Il n’avait pas de mission du gouvernement, mais c’était le fidèle Achate du jeune architecte. Comme il avait une jolie fortune et des prétentions, peu justifiées, à la peinture, il se faisait un plaisir de suivre son ami dans ses pérégrinations officielles, croquant un paysage par-ci, un monument par-là, et se composant des cartons qui devaient, selon ses espérances, le conduire au Temple de mémoire. Il est vrai qu’il avait déjà essayé de faire parler les cent bouches de la renommée en exposant son fameux tableau du Quos ego. Son Neptune, avec sa barbe inculte et mélangée d’herbes marines, avait bien l’air de dignité qui convient au souverain des eaux. Seulement notre artiste avait eu la malencontreuse idée de mettre dans la main du dieu un poisson que le jury ne trouva pas de son goût. Victor se consola de ce premier pas de clerc en rimant force épigrammes contre ses juges ; mais la blessure n’en était pas moins douloureuse, et le moindre mot qui lui rappelait