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sonnier qu’il faut soigner comme si c’était l’un des nôtres.

Ils le soignèrent si bien qu’au bout de deux jours le blessé recouvra sa connaissance. Il se nomma. C’était un bas officier qui commandait un des détachements, et qui, selon toute apparence, était fort estimé ; car le commandant de l’escadre le fit demander en offrant de renvoyer les quatre garde-côtes et le deuxième soldat du régiment de Forez que les Anglais avaient faits prisonniers. La proposition fut acceptée, et l’échange eut lieu.

Quelques jours après, l’escadre anglaise mit à la voile, et les côtes de la basse Normandie ne furent plus inquiétées jusqu’à la signature du traité de Paris.

L’esprit et le courage de Cabieu avaient sauvé le pays.

Le ministre lui accorda une gratification de deux cents livres et lui écrivit une lettre de satisfaction pour sa manœuvre.

Ce fut tout. Mais l’opinion publique fut plus généreuse que le Trésor royal. L’exploit de l’humble garde-côte eut un grand retentissement dans la Normandie, et le peuple ne le désigna plus que sous le nom de général Cabieu.