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se dressait l’échafaud sinistre, s’appelait place de la Liberté. Les hommes sont, comme on le voit, partout les mêmes, et lorsqu’on leur donne trop de liberté, cette liberté ne tarde pas à dégénérer en licence, quand elle s’arrête là.

La minéralogie de l’archipel des Antilles est restée très longtemps inconnue. Elle n’avait primitivement donné lieu qu’a quelques aperçus partiels ou éronés. L’étude de cette partie de la science s’était trouvée entravée par la difficulté des communications, la puissance du règne végétal, les précipices dangereux des montagnes. D’autre part, l’observation superficielle des reliefs ne portait pas à en reconnaître I’origine, qui n’est point manifeste, comme dans certaines contrées, par l’ensemble de la configuration des montagnes.

Les premiers voyageurs ont été encore induits en erreur par l’inspection des laves lithoïdes qui, ayant subi l’action moins marquée des feux souterrains, présentaient des caractères équivoques. Ces voyageurs pensaient que les Antilles n’avaient jamais eu d’autres volcans que ceux qui manifestaient leur activité par des fumerolles, et qui, d’après eux, n’avaient vomi que des pierres ponces ; ils regardaient les autres roches qui avaient formé leur massif comme n’ayant jamais éprouvé l’action et la puissance des feux souterrains, restreintes par eux aux phénomènes isolés produits au sommet des solfatares par leurs dernières étincelles.

Les travaux de Corty, et particulièrement de Moreau de Jonnès, ont fait la lumière sur la minéralogie des Antilles.

On trouve à la Guadeloupe douze espèces principales de laves lithoïdes, qui toutes ont subi la fusion ; on remarque dans cette île le porphyre granitique, le porphyre brun rouge, le porphyre violâtre, le porphyre grisâtre, qui est très commun.

Cette dernière lave contracte sa couleur sous l’action des anciennes fumerolles ou des eaux sulfureuses, raie le verre, agit à la distance de deux lignes sur l’aiguille aimantée, et à plus de six quand elle contient des pyroxènes.

Les produits volcaniques qui ont subi la vitrification sont assez nombreux. Les ponces suivantes, dont la composition n’est pas bien connue, existent a la Guadeloupe : la ponce blanche, renfermant quelques échantillons de pyroxènes, noirs, excessivement petits ; principal gisement : la Soufrière ; — ponce grise, ponce soyeuse, qui n’existe qu’a la Guadeloupe ; — ponce rouge, qui ne doit sa couleur qu’a l’influence d’un oxyde de fer ou a la présence d’une terre ocracée garnissant les porosités et les cellules de sa pâte, dont la composition est la même que celle des autres ponces.

Il existe encore dans cette île une certaine quantité de substances minérales qui n’intéressent guère l’agriculture, et, par conséquent, il serait superflu de les faire connaître.

Les matières vomies, depuis l’origine des volcans, ont été soumises a des causes multipliées de décomposition dont les effets ont donné les produits