À droite du couloir v et toujours au niveau de la cour d’honneur, existe, en i, la plus belle salle du château de Bonaguil. C’était la grande salle[1], autrefois la salle d’armes, plus tard le salon d’honneur. Longue de 12 mètres, large de 6, elle recevait la lumière de quatre ouvertures : d’abord, deux grandes croisées à meneaux à l’ouest, creusées dans la courtine entre la tour carrée et la grosse tour ; puis, au nord et tout à fait contre cette tour, une autre croisée à meneaux donnant sur le coteau, refaite dernièrement ; enfin à l’est, et presque de plain-pied avec la cour g sur laquelle elle s’ouvre, une très vaste fenêtre également à meneaux, mais dans le plus déplorable état ; on voit encore les moulures délicates des colonnes qui en soutenaient les linteaux. Sur la belle cheminée de cette salle, très-bien conservée, on peut remarquer un boudin en pierre qui contourne tous les claveaux. L’architecte s’est amusé ainsi à rassurer parce support fictif les craintes des visiteurs, étonnés de voir une aussi forte portée.
Le deuxième étage présentait à peu près les mêmes dispositions. Seulement, il a été rasé à la hauteurdes fenêtres dont on distingue les ébrasements. La cheminée du nord a été rétablie.
Quant au rez-de-chaussée, aujourd’hui bien nettoyé et d’un accès facile, il est en sous-sol par rapport à la cour intérieure, et n’est éclairé que par deux larges meurtrières, entièrement remises à neuf, l’une à l’ouest, l’autre au nord. C’est par ce rez-de-chaussée de la salle i, et après avoir descendu les dix-neuf marches de l’escalier du couloir v, que nous pouvons seulement pénétrer dans la tour i5, dite autrefois et avec juste raison « la grosse tour ».
La tour i5 ou grosse tour est, au point de vue de la défense, avec le donjon k, la partie la plus importante du châ-
- ↑ « On sait que la grande salle fut une invention toute française et un des traits caractéristiques des châteaux français du treizième siècle. » (Viollet-le-Duc. Dict. d’architecture, t. III, p. 103.)