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DE BONAGUIL

dans les fossés aux pieds de la grosse tour, est relativement moderne. Il est donc indispensable, pour bien comprendre l’économie du château, de monter plus haut, en suivant le chemin rocailleux qui contourne le mur méridional de la chapelle, indiqué sur notre plan par des flèches, et, si l’on arrive par la vallée de Couvert, de joindre le nouveau chemin carrossable, et d’aboutir ainsi, le long d’un parapet de pierre à angle aigu, au grand portail, seule entrée qui ait jamais existé.

LES DÉFENSES EXTÉRIEURES

Mais avant de pénétrer dans le château, remarquons à droite, séparant l’église du premier mur d’enceinte, le fossé p’, qui, entièrement taillé dans le roc, passe sous un premier pont-levis extérieur, aujourd’hui bâti. Un troisième chemin, descendant du coteau, se joint en cet endroit à la route carrossable nouvellement construite. Il est supporté à gauche par un fort encorbellement. Jadis il était défendu par une porte tout à fait extérieure et isolée, dont on vient de retrouver la trace. En r se voit en effet une grosse pierre enfouie dans le sol qui devait en soutenir l’axe de rotation.

LA BARBACANE

Si, maintenant, nous franchissons le seuil du grand portail en ogive, large de 2m 10, creusé dans le mur, qui laisse encore voir au-dessus de lui les deux longues fentes destinées à abriter les chaînes du pont-levis et, à sa gauche, une énorme bouche à feu, nous nous trouvons dans la barbacane a, ouvrage avancé fort important[1]. Il est peu de grands châteaux qui n’aient, au devant de leur principale enceinte, une ou plusieurs barbacanes. Celle de Bonaguil servait à protéger le grand pont-levis m et l’entrée e de la cour d’honneur. Elle permettait en même temps aux soldats de s’organiser à l’abri, avant d’opérer leur sortie.

  1. « On désignait, pendant le moyen-âge, par ce mot un ouvrage de fortification avancé, qui protégeait un passage, une porte ou poterne, et qui permettait à la garnison d’une forteresse de se réunir en un point saillant à couvert pour faire des sorties, pour protéger une retraite ou l’introduction d’un corps de secours. » (Viollet-le-Duc, t. II, page 111.)