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LE CHÂTEAU

maison de défunte Giberzac-Fumel, de laquelle Fumel de Bordeaux et autre Fumel émigré sont héritiers par égalles portions », Jean Vergnes, ainé, notaire public, commissaire nommé, se transporta à Bonaguil en compagnie des citoyens Troupel-Lagrave et Lacombe, officiers municipaux de la commune, à l’effet de procéder à la vente de ce qui restait de meubles. Il paraît certain, la tradition l’affirme, que, pas plus que ses semblables, le château de Bonaguil ne fut épargné pendant la tourmente révolutionnaire. C’est à ce moment qu’il vit ses belles tours démantelées et ses murailles vierges entamées par la haine aveugle et la stupide barbarie de quelques paysans ameutés contre lui. Il ne fut pas cependant vendu comme bien national : car, dès que l’orage fut passé, le comte Jean-Louis de Fumel, émigré, ainsi que son frère Jacques-Pons-Maxime, ce dernier demeurant à Haut-Brion, commune de Pessac, près Bordeaux[1], aliénèrent successivement les fractions de la propriété à divers habitants de la contrée, par l’intermédiaire du citoyen Antoine Laborie, cultivateur, demeurant à Fumel, agissant en leur nom et comme procureur fondé.

C’est ainsi que, le onze vendémiaire an v (2 octobre 1796), furent vendus : à Marguerite Ambrey, veuve Prat, différentes terres autour du château ; à François Bouyé, laboureur, une pièce de terre et un pré près du château ; au citoyen Troupel-Lagrave, cultivateur, habitant au lieu de Barras, section et commune de Bonaguil, la pièce appellée La Pelouse, plus diverses autres terres, etc ; que le 7 frimaire an v et le 7 nivôse de la même année, d’autres acquéreurs se présentèrent ; et que les ventes continuèrent en détail pen-

  1. Pons-Maxime de Fumel n’émigra pas. Né le 14 juillet 1772, il fut arrêté à Bordeaux, le 17 frimaire an ii, et ne sortit de prison que le 4 septembre 1794. Il est mort à Paris en 1850. Ce fut sa dernière sœur Augustine-Laure, qui, mariée d’abord à M. de Brane, puis à M. de Langsdorff, resta propriétaire du château de Fumel en Agenais. Ce château appartient encore à la famille de Langsdorff.