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LE CHÂTEAU

teau de Bonaguil. Ainsi que presque toutes ses semblables, la légende de Bonaguil est donc entièrement fausse. Quant à la complainte, on ne doit voir en elle que l’expression habituelle et vulgaire des préjugés révolutionnaires du commencement de ce siècle sur les dernières années de l’ancien régime, qu’on se faisait un sot et malin plaisir de confondre avec les plus mauvais jours, déjà bien reculés, de la féodalité.

LA COMTESSE DE GIVERSAC

Marguerite de Fumel, veuve du comte de Giversac, vécut à Bonaguil presque continuellement, de 1761 à 1788. C’est à cette époque qu’il faut faire remonter les nombreuses réparations, relativement modernes, du château, ainsi que les derniers aménagements des diverses pièces comprises entre la tour rouge, la tour carrée et la grosse tour. La comtesse de Giversac rendit plusieurs fois hommage au roi. Son nom se trouve dans presque tous les actes publics de cette période : (Cayers des opposants à la banalité des fours et moulins, du 27 avril 1779[1] ; Registres des tailles pour les années 1783, 1784, 1785[2], etc.) Vivant dans les regrets de la perte qu’elle avait faite, elle aimait cependant à réunir souvent autour d’elle tous les membres de la famille de Fumel[3], et elle sut s’attirer, autant par sa digne conduite que par ses actes nombreux de bienfaisance et de piété, l’estime et l’affection de ceux qui l’approchaient. Son souvenir est encore vivant et vénéré parmi les anciennes familles de paysans de la contrée.

Le premier décembre 1788, Marguerite de Fumel fit, en son château de Bonaguil, son testament sous forme mysti-

  1. Minutes de Me Amblard, notaire à Fumel.
  2. Archives départementales de Lot-et-Garonne. Dons de Mme la comtesse Marie de Raymond.
  3. M. le comte de Fumel possède actuellement dans ses archives deux lettres de sa grand’mère Rose de Comminges, femme de Georges de Fumel, major-général de l’armée des Indes, datées « de Boneguilhe, en 1780. »