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LE CHÂTEAU

la suite d’une obligation de 4,000 livres que, le 12 février 1612, Antoine III avait contractée envers Messire Pierre Descodeca de Boisse, baron de Pardaillan, il fut condamné, par arrêt du 23 février 1617, à lui payer ladite somme, dans le délai de trois mois. Antoine de Roquefeuil ne put faire face à ses engagements. Aussi l’année suivante, le 26 mars 1618, « il fut fait, à la requête dudit seigneur de Pardaillan, procès-verbal de saisie de la terre et seigneurie de Bonaguil et de ses dépendances, appartenant audit sieur de Roquefeuil ; » et, « fut adjugée par jugement du présidial audit seigneur de Pardaillan ladite terre et seigneurie de Bonaguil et ses dépendances et fruicts d’icelle, saizis pour la somme de 6,000 livres, à laquelle il les a enchérys par l’acte dudit jour, sept de novembre dernier, etc. »[1].

Nous ne savons combien de temps le château de Bonaguil demeura entre les mains du seigneur de Pardaillan, ni même si ce dernier en prit réellement possession[2]. Quoiqu’il en

  1. Archives départementales de Lot-et-Garonne. Série B, 709 et 716, liasse (150 pièces). Voir en appendice les extraits de ce procès-verbal et du jugement, no III.
  2. On ne doit pas confondre ces Descodeca de Boisse avec la grande famille gasconne de Pardaillan, dont la branche aînée, propriétaire des baronnies de Pardaillan, en Armagnac, de Juliac et de Panjas, ne le céda en rien, comme vaillance et honneurs, à la branche cadette de Pardaillan-Gondrin, devenue si puissante de par les faveurs de Mme de Montespan. (Voir notre étude sur le Château de Pardaillan dans nos Châteaux Gascons à la fin du xiiie siècle.)

    La famille de Pardaillan, dont il est ici question, était originaire de l’Agenais. Haut et puissant seigneur, Messire Pierre d’Escodeca de Boisse, baron de Pardaillan, d’Allemans, Mallerometz, Labastide, etc., maréchal des camps et armées de Sa Majesté, etc., fut un des plus zélés serviteurs d’Henri IV et de Louis XIII. Gouverneur de Monheurt, il reprit en 1621 cette ville, qui s’était révoltée. C’est en allant mettre le siège devant Sainte-Foi qu’il s’arrêta à Gensac, chez l’avocat Nauze, et qu’il y fut assassiné par un fanatique huguenot, Savignac, en novembre 1621. Sa femme, Marie de Ségur, dame de Pardaillan, lui avait apporté par son mariage la baronnie de Pardaillan, en Agenois, à huit kilomètres environ de la ville de Duras. Voir à cet égard la remarquable plaquette gonlaudaise, No vi, publiée en 1880 par notre savant compatriote, M. Tamizey de Larroque : « Récit de l’assassinat du sieur Boisse-Pardaillan et de la prise de Monheurt, Bordeaux, in-8o. »