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un peu plus loin au même. « Nous avons tant fest que nous avons achevé cette belle Conférence, qui m’a donné tant de pouine que je serès bien marrye qu’ele feult ynutile. » À son fils en effet, dans une sorte de résumé de toutes les difficultés qu’elle a rencontrées durant ces huit derniers jours, elle écrit « de sorte qu’il est advenu souvent et quasy tous les jours, qu’après avoir bien travaillé et contesté avec grande peine et labeur et infinies crieryes de part et d’aultre dont j’avais la teste continuellement tant estourdye et rompue durant ce long temps de nostre dicte conférence que je m’esbahys que n’en ay esté mallade, nous nous trouvions sans avoir rien fait. » Enfin, après d’infinis détails qu’elle donne sur cette dernière période des négociations, elle annonce qu’elle va partir pour le Port-Sainte-Marie et de là pour Agen, où elle a convoqué toute la noblesse du pays[1].

Les vingt-sept articles furent signés le 28 février 1579, tant par la Reine-Mère que par le Roi de Navarre, et après eux par Bouchart député du prince de Condé, Joyeuse, Biron, Pibrac, La Mothe-Fénelon, Lansae, Clermont, Duranti, du côté des catholiques et par Turenne, Guitry, du Faur, Scorbiac, député de la généralité de Bordeaux, Yolet et de Vaux, députés du Rouergue, du côté des protestants. Ils furent ratifiés par le Roi, le 14 mars suivant.

Ils contenaient en substance : le maintien et le respect de toutes les clauses édictées par le traité de Bergerac, et surtout l’occupation par le parti protestant (chapitre xvii) de quatorze nouvelles places, en plus des huit déjà accordées, concédées pour la sécurité dudit parti, lequel toutefois devait les remettre dans le délai de six mois. Ces places étaient pour le gouvernement de Guyenne : Bazas, Puymirol et Figeac, et pour celui de Languedoc : Revel dans la Haute-Garonne, Briatexte dans le Tarn, Alet dans l’Aude, Saint-Agrève dans l’Ardèche, Bez, Bagnols, Alais, Sommières et Aimargues dans le Gard, Lunel et Gignac dans l’Hérault. Durant cet intervalle de six mois, les Protestants pouvaient y tenir garnison, sauf à respecter le libre exercice du culte catholique. Le Roi de Navarre nommerait leurs gouverneurs « qui seroient gens de bien, amis de la paix et du repos », et la Reine-Mère approuverait leurs nominations. Suivent de nombreuses clauses relatives à l’organisation des chambres triparties, à la manière dont sera rendue la justice, à la fabrication de la monnaie, attribuée à la

  1. Lettre du 25 février au maréchal de Damville. Fonds français, no 3319, fo 5.