Condom cependant avait été pacifié. « Je disposé si bien les choses, « écrit Catherine à son fils, quand j’y feust et despuis j’ay escript si fréquemment pour les faire vivre en paix, puisque les deux lieutenans en estoient sorty, que lesdits habitans se sont accordez d’observer ung ordre duquel je vous envoi le double et que le sieur de Saint-Orens que j’y ay laissé, le chevalier de Montluc et les autres gentilzhommes et habitans ont signé[2]. »
Un grand conseil est tenu au Port, le 26 décembre, « où estoient le Roy de Navarre, le vicomte de Turenne, Guitry et Segur » et du côté de la Reine-Mère, sa fille et tous ceulx du conseil. Les affaires de Langon, de la Réole, en ont fait les frais ; et il a été décidé en outre qu’on choisirait Nérac comme lieu de la conférence. « Car, si l’on parloit de changer ledict lieu de Nérac avant que lesdicts députez y fussent arrivez, il y auroit danger, entendant ces nouvelles, qu’ilz s’en retournassent ; ce qui m’a faict taire, » écrit mélancoliquement Catherine. Et elle ajoute :
« Excusez-moy, si je ne vous escriptz pour ceste heure de ma mayn ; car j’ay mon mal de bras que m’avez veu quelquefois, qui me descend jusques sur la main que j’en ay enflée. Mais j’espère pourtant d’en estre bientost de tout guérye[3].
La patience de la Reine-Mère est extrême ; et il n’est pas de choses qu’elle ne fasse pour asseoir la paix. « Il y a beaucoup de leur costé, aussy bien que du nostre, qui font tout ce qu’ils peuvent pour nous troubler. Toustefois, je persévère tousiours pour surmonter tout cela. »
Là est sa vraie politique. Elle ne voit rien en ce moment que le bonheur du Royaume ; elle ne négocie que pour l’intérêt de ses sujets.
Ainsi se passa cette fin de l’année 1578, chaque parti gardant ses positions, mais le Roi de Navarre d’un côté, la Reine-Mère de l’autre, n’épargnant aucune peine pour arriver à la solution tant désirée.