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Du 10 au 15 décembre, séjour à Condom avec tout son train.

Les deux Reines arrivèrent à Condom avec tout leur train, le mardi 9 décembre au soir. Elles y séjournèrent près d’une semaine, jusqu’au lundi suivant, 15 de ce mois.

Dès son arrivée, Catherine envoie Pibrac au Roi de Navarre pour qu’il lui fixe le jour exact où elle pourra commencer la fameuse conférence, et aussi pour l’entretenir de l’affaire de La Réole, qui est loin d’être terminée[1]. En même temps, « elle donne charge auxdicts sieurs de Pibrac et de La Mothe, saichans bien que Nérac et les environs ne pourraient pas longuement suffire à la nourriture de tant de gens et de chevaulx qui y seroient, de regarder d’accorder quelque lieu, comme ceste ville (Condom), ou Agen, ou bien le Port-Sainte-Marie, qui n’est pas loing dudict Nérac, pour faire nostre dicte conférence[2]. » Au fond Catherine n’a pas grande confiance en la foi du Béarnais. Elle redoute de s’enfermer dans Nérac, ville huguenote, et si elle ne partage pas les mêmes craintes qu’Henri de Navarre, lors de son séjour à Toulouse et à L’Isle en Jourdain, elle a peur surtout qu’on lui force la main. Aussi, après y être restée deux ou trois jours, espère-t-elle que la conférence se tiendra ailleurs. Ces craintes nous expliquent le long séjour qu’elle va faire au Port-Sainte-Marie, où elle se trouvera plus en sûreté qu’à Nérac même.

En attendant, elle profite de son séjour à Condom pour mettre un peu d’ordre dans les affaires de cette ville. « Car, dit-elle, les querelles d’entre le lieutenant-général et le lieutenant-particulier ont tellement brouillé les habitants qu’ils sont tous divisez, et, oultre cela, soubz coulleur de la confrairie Saint-Pierre, qui y est il y a desja quelque temps, et d’ung aultre de Saint-Arnault qui s’y commance, la noblesse catholique, au moings une bonne partye, y sont attirez, de la sorte que la fin n’en pourrait estre que préjudiciable à vostre service[3]. » À cet effet, elle a réuni les principaux de la ville, les a

  1. Lettre de Catherine au roi son fils du 12 décembre. Fonds français, no 3300, fo 111. — Cf. : t. vi, p. 167.
  2. Idem, no 3300, fo 111. — Cf. : t. vi, p. 168.
  3. Nous avons déjà rappelé ailleurs (Lettres inédites de Marguerite de Valois, tirées des archives de Saint-Pétersbourg, p. 4), que, durant les deux années de 1578 et 1579, la ville de Condom fut le théâtre de graves désordres, dont furent victimes Me Jehan Duffranc, lieutenant-général, et le sieur Imbert, lieutenant-particulier, qui se virent en-