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eurent la surprise de rencontrer le roi de Navarre. Il vint fort galamment

les saluer « allant, écrit Catherine à son fils, à la chasse à Lézignan[1], qui est icy auprès. J’ay esté bien aize de ce qu’ainsy librement il commence à se comporter envers moi. » Néanmoins il ne lui donne rendez-vous à l’Isle en Jourdain que vers le 15 de ce mois d’octobre, ce dont elle se plaint fort. On verra qu’elle dut attendre un mois encore, les protestants cherchant le plus possible à retarder le jour de la conférence.

Avant d’arriver à Agen, Catherine eut une longue conférence avec le maréchal de Biron, qui l’accompagnait, à propos de la garnison de cette ville. Elle lui donna des ordres précis pour son entrée solennelle et lui exposa comment elle entendait qu’elle et sa fille, la Reine de Navarre, fussent officiellement reçues.

Catherine entra seule à Agen, le soir du 11 octobre, par la porte Saint-Georges. Bien que l’itinéraire indique le même jour, Marguerite n’y fit son entrée que le lendemain 12 (jour de dimanche) par la porte du Pin. Catherine fut logée à l’Évêché, Marguerite dans la maison de Pierre de Nort, seigneur de Naux[2].

Du 12 au 14, séjour à Agen.

Le 16 septembre déjà, de Bordeaux, le maréchal de Biron écrivait aux Consuls d’Agen : « Messieurs, je voy bien que la Reyne mère du Roy et la Reyne de Navarre s’en iront jusques en vostre ville d’Agen, et pour ce advisés de bien tenir toutes choses en bon estat pour les bien recevoir et accueillir, ainsi qu’il leur appartient. Il fauldra faire quelque belle entrée à la Reyne de Navarre, comme on l’a accoustume de faire à toutes les filles de France. Je n’ay poinct oblyé de faire entendre à la Reyne la bonne volonté que vous avez au service du Roy. Je vous prie n’estre point nonchallans à bien préparer ceste entrée et y pourvoir[3]. »

Ainsi prévenue, la municipalité Agenaise se mit en devoir de recevoir le mieux possible les deux Reines. Elle leur prépara une magnifique entrée. Tous les honneurs furent pour la Reine de Navarre. Les mémoires du Consul Trinque (1570-1615) que nous a conservés la

  1. Lézignan pour Lusignan-Grand, à 12 kil. d’Agen, canton du Port-Sainte-Marie.
  2. Archives mun. d’Agen. BB. 33, fo 32 et 33, où est relaté le curieux récit de l’entrée des deux Reines, et aussi CC. 314.
  3. Arch. mun. d’Agen, BB. 33, fo 28. Lettre publiée déjà par M. G. Tholin dans le tome ix, 2e série, p. 145, du Recueil de la Société Académique d’Agen, 1885.