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et se meit en chemin à pied avec Aubiac et une femme ; puys sur le « chemin fust mise sur ung cheval de bast et après dans une charrette à bœufs ; et come elle fut dans un village nomé Colombe, un gentilhomme nomé Langlas, qui estoit lieutenant dans Usson, luy offrit le chasteau et l’y mena. Aussy tost qu’elle y fust arrivée, luy mesme s’en va trouver le marquis de Canillac à Saint-Cirgues qui monte à cheval, et, s’estant faict ouvrir les portes, il demande ledit Obiac, caché entre des murailles. Il le prend et le met entre les mains d’ung prévost. Le marquis depescha incontinent le jeune Montmaurin au Roy et à la Reine Mère[1].

Les livres de Comptes font justice de cet itinéraire, inventé comme à plaisir.

Marguerite coucha ce premier soir dans le château de Murat, sur les bords de l’Allagnon, autrefois aux comtes d’Armagnac. Charles de Brezons, à qui il appartenait, lui en fit les honneurs.

Le mercredi 15 octobre, ladicte dame a disné audict lieu de Murat, souppé et couché à Lanche (pour Allanche).

À Allanche fut bâti, vers la fin du xviie siècle, un château par le comte François de Dienne, lieutenant général des armées du Roi, en faveur duquel Louis XIV avait démembré du duché de Mercœur les seigneuries d’Allanche et de Maillargues.

Le jeudi 16 octobre, ladicte dame Roine de Navarre disne au Luguet[2], souppe et couche à Yboy.

Du vendredi 17 octobre au lundi 20, ladicte dame audict Yboy.

Marguerite s’était décidée à accepter l’offre que six mois auparavant lui avait faite la Reine-Mère. Dans sa détresse, le château d’Ibois était encore le seul lieu où elle put aller. Elle s’y rendit donc en toute confiance, persuadée qu’elle y serait en sûreté. Elle écrivit à cet effet au capitaine de La Jonchière ou La Jonchères, qui y résidait, lui donnant l’ordre de lui en tenir les portes ouvertes pour le moment où elle y arriverait.

« Un courrier, écrit M. Imberdis dans son Histoire des Guerres religieuses en Auvergne, partit pour mander au seigneur de Cha-

  1. Bibl. nat. Fonds de Mesme, vol. 604, fo 15.
  2. Château qui appartenait alors à Louis de La Rochefoucauld, comte de Randan, ligueur déterminé.