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soleils ont ensemble, et n’eussions rien veu qu’obscurités et nuages[1].” »

Marguerite se remit cependant assez vite. On crut à la Cour qu’elle allait changer de résidence : « La Reina de Navarra, écrit à ce moment Cavriana à Vinta, mutera luogo, e si crede che venira in Touraine, à una casa della Reina, detta Chenonceaux, dove si cominciera a formare gli articoli per la pace. » Et il ajoute complaisamment sur Catherine : « La buona madre sta bene, salvo che la gotta alcima volta la piglia ; ma al corpo buono risponde il cuore ingentibus negotiis par ; e di vero mostra bene di essere di quel serenissimo ceppo in ogni cosa[2]. »

Le 4 juin, Marguerite était suffisamment rétablie pour pouvoir aller à Vic, siège du baillage du Carladais, où les habitants lui offrirent une réception splendide et notamment le spectacle d’une fête locale, avec danses champêtres, représentation théatrale et joyeuse collation[3]. »

Juillet, Août, Septembre 1586

Ladicte dame Roine de Navarre et tout son train, au château de Carlat.

(Dépenses totales pour ces trois mois, 6.305 écus. Payé seulement 1.233 écus)

Par ces chiffres éloquents, on voit que Marguerite n’avait plus d’argent. Ses misères allaient recommencer.

Envoyé en Espagne pour plaider sa cause auprès de Philippe II et rapporter des subsides, le vicomte de Duras revint les mains vides. Dans sa colère, la Reine le congédia. « Choisnin, écrit M. de La Ferrière sans indiquer la source où il a puisé ce renseignement, dont la place de trésorier avait été reprise par le titulaire, réclama une indemnité de 6.000 livres. Marguerite l’ayant refusée, il soufleta l’huissier qui lui refusait l’entrée de l’appartement de la Reine. Chassé de Carlat pour cette insulte et batonné au départ pour des propos injurieux contre la Reine, il jura de se venger et n’en eut que trop tôt l’occasion. »

  1. Brantôme, Vie des dames illustres, art. Marguerite.
  2. Négociations diplomatiques avec la Toscane, t. IV, p. 638.
  3. Histoire de Marguerite, par M. de Saint-Poncy, t. II, p. 237.