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« À dict estre veritable que ladite dame avait désigné pour lors de faire une cytadelle au couvent des Jacobins de ladicte ville, qui est le plus beau endroict d’icelle, regardant sur la prairie du Gravier, et y avoit commencé de faire des fossez, couppant une belle grande rue qu’on appelle la rue de Garonne, et avoit faict abattre toutes les maisons de toute une rue, depuis la Porte Neuve jusques aulx Jacobins, en laquelle rue y avoit de beaux bastiments, mesmes les maisons d’un nommé Joffrion, d’une damoyselle de Pujols, de Savignac et aultres qu’il ne sait le nom, et estime qu’il y a bien cinquante maisons rais terre et environ trente ou quarante qui ne sont du tout par terre ; mais ne sait le déposant le nom de tous les propriétaires, moins à quelle portion de taille[1]. »

Et les habitants étaient tous réquisitionnés « tant de la dite ville que juridiction, pour travailler à abattre les dites maisons, en oster les ruynes et en apporter le bois au couvent des Jacobins, travailler aussi aux fossés tant de ladicte cytadelle que de ladicte ville et faire des esperons, l’ung à la Tour de la Poudre, l’autre à la Porte Neuve et l’autre à la Porte Sainct Georges ; et que si la dicte dame eut continué à faire, la susdite ruyne eust rendu ladicte ville déserte et misérable[2].

Commencés à la fin de juin, ces travaux continuèrent tout le mois de juillet et tout le mois d’août.

Juillet 1585

Du lundi 1er juillet au mercredi 31, ladicte dame et son train audict Agen.

  1. Déposition de maître Pierre de Lafont. Archives municipales, CC. 79. Dans ce même registre se trouve « l’Estat et roolle des maisons abattues et desmolies dans la ville d’Agen, depuis le mois de mars 1585 jusqu’au 25 de septembre, ensemble du nom des propriétaires et à quelle portion de tailles. » Les principales rues atteintes furent : la rue de la Porte Neuve, où se trouvaient les maisons de Me Antoine Jauffrion, d’Antoine Delfont, de Guillaume de Lary, procureur ; la rue de l’Ave Maria, avec les maisons de Bernard Durand, procureur, Firmin de Pujols, chevalier, de Pierre Galaup, de Jehan Lescazes, de la Mothe-Cambefort, etc ; la rue du Mortier ; enfin la rue Garonne, où furent renversées plus de quinze maisons, dont celles de Bertrand Teyssèdre, de Jehan Delmoly, de Norete de Sorel, de Me Savignac, de Durand Labrunie, etc.
  2. Idem.