Page:Lauzun - Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne d'après ses livres de comptes (1578-1586), 1902.pdf/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 320 —

M. de Duras[1]. À la fin les habitans de la ville d’Agen s’en sont très mal trouvez et repentis d’avoir donné cette authorité. Et ceux qui liront ce que dessus prennent garde à l’advenir de ne tomber pas en une pareille faute[2]. »

Et tous les témoins de l’enquête de déposer pareillement. « Et est le déposant mémoratif que le Conseil et principaux habitans de la ville furent mandés se trouver à l’Evêché où ladicte ame se rendit, où ledit déposant estoit aussi par curiosité ; et après quelques remonstrances faictes par ladite dame, de la deffiance crainte qu’elle avait dudit seigneur Roy de Navarre son mary et aultres de son party, pour conclusion elle demanda les clefs de la ville qui lui furent baillées. Et pendant ce Conseil, il y avait deux compaignies en armes au milieu de la place de ladite ville, près ledict evesché[3]. »

Toute résistance était impossible. Les Consuls le comprirent, et, bon gré, mal gré, durent abdiquer leur liberté entre les mains de l’altière princesse.

Celle-ci ne perdit point de temps. Elle ouvrit les portes de la ville à toutes les compagnies qui dévastaient depuis un mois les environs, et par le pillage, la violence, les exactions, elles eurent bien vite ruiné la malheureuse cité. Au début, le receveur des tailles Nicolas dut livrer les deniers desdites tailles et du taillon. Marguerite put ainsi payer ses troupes, dont le commandement fut confié, partie à François de Lignerac, bailli des montagnes d’Auvergne, sur le compte duquel nous reviendrons[4], partie à Monsieur de Duras, dont la femme Marguerite de Gramont, toujours aux côtés de Marguerite, peut être

  1. Ce Duras était Jean de Durfort, vicomte de Duras, fils de Symphorien de Durfort et de Barbe Cauchon de Maupas, dame d’honneur de Marguerite, le même dont le duel avec Turenne était resté si fameux.
  2. Certains mémoires concernant l’antiquité d’Agen, escripts à la main par feu M. Trinque, consul et jurat de la ville d’Agen, et commençant en l’an 1570. Extrait de la Chronique du frère Hélie, dont l’original se trouve à l’Évêché d’Agen, mais dont une copie, provenant de la bibliothèque de Saint-Amans, existe actuellement aux archives départementales de Lot-et-Garonne. (Voir le chapitre relatif à l’Ermitage d’Agen, au tome I, p. 445 de notre travail : Les Couvents d’Agen avant 1789). Cf. : Revue de l’Agenais, t. X, p. 531 et suivantes.
  3. Archives municipales, CC. 79. Déposition de Pierre de Lafont.
  4. François Robert de Lignerac, seigneur de Pléaux, Saint-Chamans, Bazanes, Nerestang, gentilhomme de la chambre du Roi, bailli et lieutenant général de la Haute Auvergne. Il ne fit sa soumission à Henri IV qu’en 1596 et mourut en 1613. (Note de M. le comte de Dienne.)