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l’affection de mère et le désir qu’elle puisse vivre heureusement et avec honneur m’a fait vous mander ceci ; car je connais tant par tous vos effets combien vous êtes affectionné, que de ma part je m’en sens tant obligée que je n’aurai de repos en mon esprit que je n’aye reconnu par quelques bons effets le service que vous avez fait, et je vous prie croire que j’en chercherai toutes les occasions et les moyens, pour n’être ingrate de ce qui m’a rendue si contente.

« Vous saurez par ce porteur toutes nos nouvelles et de votre femme qui n’a plus de fièvre ; qui sera cause que je ferai fin, priant Dieu vous avoir en sa sainte garde.

« De Saint-Maur-des-Fossés, ce xxve avril 1584.

« La bien vostre.

« Caterine. »

Et M. le comte Baguenault de Puchesse, qui le premier a publié cette lettre[1], d’ajouter : « On ne s’attendait pas assurément à voir la Reine-Mère présenter d’une façon si complète une sorte d’apologie de sa conduite passée et présente. Revenant sur le temps de sa jeunesse, elle rappelle ce qu’elle dut supporter de François Ier et de Henri II, et semble cette fois moins sûre de la vertu de Diane de Poitiers[2]. Quant à ses dames d’honneur, elle avoue qu’elle en a gardé beaucoup par nécessité, mais qu’elle voudrait voir à sa fille de meilleures connaissances. »

Mai 1584

Du mardi 1er mai 1584 au jeudi 31, ladicte dame et tout son train audict Nérac.

(Total des dépenses pour ce mois de mai, 1899 écus, 40 sols, 6 deniers. Payé 1628 écus, 16 sols, 9 deniers.

La Cour de Navarre n’était pas à Nérac depuis un mois qu’Henri de Bourbon apprit tout à coup que sa sœur, Catherine, était tombée gravement malade à Pau, ville qu’elle ne quittait guère et où son frère l’avait investie de tous les droits de souveraineté. Aussitôt il va

  1. Revue historique, Mai-Juin 1900, p. 68.
  2. Idem. Voir une autre lettre de la Reine-Mère, du 12 juin 1582, où elle écrit à propos de la passion d’Henri II : « De Mme de Valentinois, c’estoit comme de Mme d’Estampes, en tout honneur. »